|
|
Femmes en milieu rural
Dans une commune qui vote largement à droite et dont le
pardon est célèbre, où on fait du lait et des
pommes de terre et où on crève à l’abattoir
et à l’andouillerie, il est très difficile d’éprouver
le désir de s’intégrer… comme professeur
retraité.
On peut rencontrer quelques spécimens intéressants
dans deux ou trois bistrots mais il faut être plutôt
du genre masculin.
Si on est une femme, qu’on bouffe un curé par jour,
qu’on vomit l’institution du mariage, qu’on regarde
avec suspicion le désir de procréer, on risque d’avoir
des difficultés à échanger autre chose que
des considérations sur la pluviométrie ou la plantation
de quelques palmiers étiques sur la place.
Reste à jouir de l’oxygène produit par les arbres,
de l’espace des maisons de campagne, des sains efforts que
demande le jardinage et de la contemplation des fleurs et des petits
oiseaux.
Accepter l’abattoir et la bouillasse sanglante de feu Monsieur
Jeffroy, c’est un semblant de bataille, une bataille de chèvre
attachée, corvéable, disponible et vite désintégrée
Les arbres ne sont pas loin mais il est difficile de s’en
faire des amis. Difficile aussi d’entrer dans le cercle bien
bouclé des bistrots où votre différence déclenche
vite les hostilités. On tentera de vous faire honte de vos
efforts d’émancipation
Mais tout cet espace sauvage pour vos loisirs ? landes et
rochers, balades solitaires, oxygénées, contemplatives !
pas besoin de tenue sexy pour la marche, tout est dans la vie intérieure,
avec de temps en temps le jardinage pour la bonne conscience. Avez-vous
vraiment choisi ?
La fête reste très catholique, organisation idyllique
en apparence mais où regards et remarques prêchent
la résignation et le sacrifice. C’est un faux paradis
protégé où l’on tente de s’intégrer,
de se fondre
Jacqueline
|
|